On croit toujours que ça n’arrive qu’aux autres. En fait, pas vraiment. Je connais pas mal de filles qui sont tombées enceinte assez jeune, comme moi. Sauf que moi, j’ai décidé de le garder. J’ai eu de la chance d’avoir le soutien de ma famille et de mes amis, ainsi que la compréhension du directeur de mon gymnase, qui m’a permis de continuer mes études. Mais c’est vrai qu’avoir un enfant à 18 ans, ça bouleverse pas mal de choses. Et je pense que maintenant, huit ans plus tard, je suis prête à vous en parler.
Pour vous situer un peu le contexte…
J’ai fait plein d’articles dernièrement sur le fait que j’étais allée vivre à l’étranger. Eh bien c’est en Angleterre que j’ai rencontré le papa de Samuel. On était tous les deux dans la même école suisse. Moi je parlais français et lui suisse allemand. On est sortis ensemble quand on était là-bas, mais ça n’a pas duré. Ensuite, on s’est revus une année plus tard, juste une fois. Et voilà qu’un mois plus tard je me rends compte que je suis enceinte. Je venais à peine d’avoir 18 ans. C’était l’été et je passais mon temps à faire la fête, c’était génial. Mais voilà, juste avant la rentrée d’août, j’ai découvert cette grossesse. Lui, il vivait toujours à l’autre bout de la Suisse et donc on ne se voyait pas souvent. Et petit à petit, au fil des mois, il s’est éloigné davantage. A la fin, il voulait même faire un test de paternité. Je crois qu’il m’en a voulu, comme si c’était ma faute. Mais heureusement, j’ai eu la chance d’avoir ma meilleure amie auprès de moi durant cette grossesse.
Le temps des discos, c’est fini !
Quand j’ai découvert ma grossesse, j’ai vraiment pesé le pour et le contre et honnêtement, je ne me souviens pas ce qui a fait penché la balance. Et il y a plein d’autres trucs que j’ai un peu occulté, alors je ferai de mon mieux pour vous raconter ce que j’ai vécu. J’ai eu rendez-vous au planning familial pour étudier la situation. J’y ai rencontré une gynécologue et une psychologue. A ce moment là, j’étais déjà résolue à le garder, il me semble. La gynécologue m’a prévenue que je n’aurais plus le temps pour aller en disco. Autant vous dire que je m’en fichais pas mal. Par contre, si elle m’avait dit à quel point ce serait dur psychologiquement d’être en décalage avec les gens de mon âge… Mais on en parlera plus tard !
Quant à la psychologue, elle m’a posé plein de questions les plus tordues les unes que les autres. J’ai fini par lui sortir que peut-être, j’avais voulu cet enfant inconsciemment. Je pense que c’est ce qu’elle voulait entendre, parce qu’après, elle m’a laissée tranquille. J’avais trouvé cet endroit très impersonnel et peu accueillant, autant sur le moment que maintenant, quand j’y repense.
Au gymnase, les regards se tournent
Etonnamment, les personnes qui parlaient de moi dans mon dos ont été peu nombreuses. Je m’attendais à recevoir des insultes ou autres. Mais au final, quand on surprenait une discussion qui me concernait, c’était surtout des filles qui me trouvaient ultra courageuse. Les professeurs aussi, ont été (pour la plupart) très gentils avec moi. A la naissance de Samuel, ils m’ont même offert un cadeau.
J’ai eu de la chance, parce que je devais accoucher durant les vacances de Pâques et le directeur avait décidé que si à ce moment-là, j’avais d’assez bonnes notes pour passer l’année, il me laisserait entrer en troisième année de gymnase sans rien dire. Par contre, en cours, j’étais censée rattraper ce que j’avais loupé pendant ces quelques mois de congé. Autant vous dire que le français, j’ai rattrapé mon retard, mais pour les maths, je n’ai jamais pris le temps de le faire.
Etre maman à 18 ans, c’est comment ?
Chacun est différent, mais pour ma part, je me suis totalement laissée guider. Puisque je vivais encore chez ma mère, je l’ai laissée prendre beaucoup de décisions et je suivais ce qu’elle me disait de faire. Je crois que quand je suis tombée enceinte, je ne réalisais pas vraiment tout ce que ça impliquerait. Evidemment, j’ai dû faire des concessions. Moi qui voulais faire des études et entrer à l’université, j’ai finalement préféré trouver un apprentissage pour m’émanciper plus rapidement. En un sens, ça tombait bien parce que c’est comme ça que j’ai trouvé ma voie de bibliothécaire. J’ai aussi perdu énormément d’amis. C’est normal, on avait plus du tout les mêmes préoccupations. Mais j’ai eu de la chance, ma mère me laissait parfois sortir pendant qu’elle gardait Samuel. D’ailleurs, ils ont une véritable relation assez spéciale, du fait qu’on a vécu les quatre premières années de sa vie avec elle.
Etre maman à 18 ans, ça fait grandir un peu plus vite. On doit penser à quelqu’un d’autre que soi-même. Quelqu’un qui, sans nous, ne pourrait pas survivre. Pourtant, à 18 ans, on est pas encore tout à fait adulte. On ne sait pas vraiment ce qu’on veut et on se cherche encore un peu. C’est de ça que j’ai le plus souffert. Je voulais être à la fois une personne “normale” de 18 ans qui s’amusait, qui n’avait pas de contraintes tout en jouant mon rôle de maman.
Mais le plus dur…
Ce que j’ai trouvé particulièrement dur, c’était ma relation avec mon nouveau corps. Je n’ai jamais vraiment été très à l’aise dans mon corps. J’ai toujours eu quelques kilos en trop, mais je ne m’en souciais pas énormément. Pourtant, après la grossesse, j’ai eu beaucoup de mal à m’accepter telle que j’étais à ce moment-là. Je trouvais dur de voir ce ventre flasque qui pendait… J’ai aussi eu des difficultés (et encore maintenant d’ailleurs !) à trouver des vêtements qui me plaisaient et dans lesquels j’étais confortable. C’était hyper difficile de retrouver mon image de moi-même. Je ne me reconnaissais plus. Les seuls habits qui m’allaient me faisaient ressembler à une vieille. Et encore aujourd’hui, j’ai beaucoup de peine à trouver des vêtements qui me conviennent. Et quand j’allais dans les magasins que j’avais l’habitude de fréquenter, je ne trouvais rien et ça me déprimait de ne pas pouvoir redevenir comme avant.
Tout est bien qui finit bien !
Il me semble que j’ai pas mal occulté certains événements de ma vie de jeune maman. Et c’est sûrement mieux ainsi. Maintenant, Samuel a 8 ans. Quand je le vois, je suis fière de la personne qu’il est. Mais je suis également fière de la maman que je suis. On a clairement eu des hauts et des bas, comme tout parent, j’imagine. Ma situation était juste différente de celle des autres. Mais jamais il n’a manqué d’amour et selon moi, c’est vraiment le plus important.
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Connaissez-vous quelqu’un qui est tombé enceinte plutôt jeune ?
Blogueuse suisse romande depuis 2016. J’aime répandre de la bonne humeur autour de moi ! Que ce soit dans le burlesque, la spiritualité ou ma vie de maman, j’essaie toujours de me focaliser sur le positif. Et si je n’y arrive pas, je rajoute une dose de paillettes !
Manon Godard says
Merci pour ce témoignage ❤ #Emotion #PasLesMots
Jade says
Merci à toi d’avoir pris le temps de le lire 🙂
pomme rock says
Tu est une personne et une maman incroyable ! Tu peux vraiment etre fiere de toi et de tout ce qui tu as accomplis ! Et puis samuel est un petit bout de chou génial !
Jade says
Han merci ma petite pomme ! C’est clair qu’il est génial <3
Myrtilla says
C’est tellement touchant ! Je te trouve vraiment courageuse. T’as dû faire des choix qui n’étaient pas du tout faciles et finalement ça t’as fait aussi grandir, comme tu dis 🙂 Merci pour ton témoignage, c’est vrai qu’on en voit peu sur internet, mais surtout quelques-uns à la télé (t’as peut-être vu sur MTV “16 ans et maman” ou un truc comme ça). Je me souviens que ma cousine est aussi tombée enceinte à 18 ans… c’était aussi très difficile pour elle, mais elle l’a gardé. Et aujourd’hui sa petite a déjà 14 ans. Que le temps passe vite quand même ! :O
Jade says
Oui, j’avais aussi regardé 16 ans et maman (ou j’sais plus quoi). C’était justement quand j’étais enceinte que ça passait à la télé. Mais moi j’ai eu beaucoup plus de chance qu’elles. Et j’avais justement envie de parler un peu de mon expérience, comme quoi c’est pas la fin du monde comme on peut le voir à certains endroits. C’est fou quand même pour ta cousine ! Mais quand je vois que Samuel a déjà 8 ans, 14 ans, c’est vite là !
Douceursdecoeur says
Quel beau et émouvant témoignage.
Je pense qu’etre une maman s’est avant tout donner de l’amour et assumer ses choix pleinement.
Tu doit être une bonne maman, je n’en doute pas.
Bel article !
Jade says
Merci, ça me va droit au coeur 🙂
joyfuldreams says
Oh je ne savais pas que tu avais un eu un enfant aussi jeune. C’est un beau témoignage ! Personnellement, je ne pourrais pas. La vie de maman ce n’est pas fait pour moi pour le moment. Mais je peux comprendre que certaines femmes se sentent prête assez jeune et qu’elle souhaitent garder leur enfant. Je ne vois pas le mal là dessus. Il faut juste que la mère s’occupe de son enfant comme il faut, qu’elle laisse de côté ses activités de jeune fille et qu’elle prenne soin de son bébé. C’est le plus important je pense. Mais toi tu as l’air d’être très mature et je suis sûre que ton bébé est heureux avec toi 🙂 En tout cas je vous souhaite pleins de bonheur à tous les deux !
Bisous.
Jade says
Je ne sais pas si j’étais vraiment prête. Je pense que je réalisais pas du tout ce qui m’attendait ^^’
Et quand je le vois maintenant, je me dis qu’il a bien grandi et qu’il est heureux 🙂
Lesbonsplansdelilie says
Effectivement, je trouve que tu as eu beaucoup de courage d’assumer ce bébé à 18 ans et quasi seule en plus ! (heureusement que ta maman était là pour te soutenir !)
Je te tire mon chapeau 🙂
Jade says
Merci beaucoup ! C’est vrai que je me rends compte maintenant de la force que j’ai eu…
Serena says
Hello ma jolie,
Oh c’est hyper touchant comme témoignage ! Moi c’est tout l’inverse, 32 ans et pas encore d’enfant ahah si j’en ai ce sera tard du coup ! En tout cas bravo d’avoir assumé ce petit bout car c’est pas évident si jeune je trouve !
Plein de bisous à vous <3
Jade says
Chacun son rythme 🙂 J’étais pas vraiment pressée d’en avoir haha ! Et pourtant voilà, il est arrivé et il a clairement changé ma vie 🙂
Lowly says
Je trouve que c’est un très joli témoignage alors bravo ! J’ai tendance à “jugé” les jeunes filles, mère trop tôt d’après moi mais, après avoir lu cette article je reverrai mon jugement à deux fois. Des accidents, ça arrive à tout âge et ça, je le respect. En tout cas, tu es très forte d’être passé au dessus du regard des gens, ce qui ne doit pas être facile.. Honnêtement, j’en serai incapable. Encore une fois, un grand bravo. 👏🏻
N’hésite pas à passer sur mon blog et à très bientôt 😊
Lowly 🧡
http://www.lowly.ch | @withlowly
Jade says
Merci ! C’est vrai qu’on ne sait jamais vraiment ce que traversent les gens, alors c’est pas à nous de juger… Même si je pense que c’est naturel. Quand je vivais en Angleterre, je voyais plein de jeunes mamans et je trouvais ça assez choquant. Et au final, je me suis retrouvée comme elles…
Exhalez says
Coucou, je suis tombée sur ton article par hasard et après sa lecture, j’en suis émue…Ton fils est magnifique ! Bravo pour le chemin parcouru. Je vous souhaite le meilleur ! =)
Cassandra
Jade says
Coucou ! Merci pour ton petit mot, ça fait ultra plaisir 🙂
Exhalez says
Avec plaisir, ça venait du cœur. 😊
Gloria says
Magnifique 💕 ma meilleure amie a eu sa fille à 19 ans, et c’est une des mamans les plus inspirantes que je connaissent. En même temps je me suis fiancée le jour de mes 19 ans et je comprenait pas pourquoi ça étonnait 😂